Promenade dans le Frau :
En Quercy, les verreries avec four à bois sont connues à compter de la deuxième moitié du 15ième siècle, en fait, avec le retour de la sécurité après la guerre de 100 ans (1337 -1453).
Deux ateliers sont connus chez nous :
- La « verrerie antique » située dans la paroisse de Rampoux, dont l’emplacement est inconnu (mais qui pouvait être à Vayrière, car ce lieu-dit à une époque dépendait de la paroisse de Rampoux).
- La « verrerie nouvelle » dont l’emplacement était à Vayrière, à l’orée du Frau de Lavercantière.
En 1504, le seigneur de Lavercantière dénombre parmi ses revenus nobles, 2.5 grosses de verre (2.5 x 26 = 65 verres), par an, signe qu’un atelier était en marche chez lui.
Qui œuvrait dans ces ateliers ?
- Des GRENIER, d’une famille verrière du Ségala y sont mentionnés en 1430.
- Des COLOMB restaurèrent la « verrière antique » et créèrent la « verrière nouvelle ». Pierre COLOMB qualifié de « prudent homme » eut une fille Guinote qu’il maria à Lavercantière. Il eut aussi un fils Pierre, Antoine dit CONDAT (nom de sa mère).
- Il faut noter que les verriers depuis la fin du 15ième siècle faisaient partie de la noblesse. Ils avaient reçu des privilèges du roi (exemption de droits et taxes) et pouvaient travailler pour fabriquer le verre (activité spécifique et recherchée), sans que cela ne les fasse déroger de leur qualité de nobles.
- La verrière de Lavercantière est devenue une coseigneurie avec les héritiers d’Antoine dit CONDAT.
- Au siècle suivant (17ième), la vayrière fait figure de repaire, voire de château. Un rameau des Larroque-Bouillac y demeurait, il se qualifie de seigneur de la Beyrière dans un testament de 1655.
A Lavercantière, l’activité des fours au bois est si mal connue qu’on ignore les dates de début et de fin de la fabrication.
Un atelier était constitué d’un carré de murailles en pierre sèches, couvert de perches ou de genets (Dans le Frau pourquoi pas de Bru), au milieu se trouve le four. Ceci était démontable.
Les creusets devaient résister à la chaleur (cailloux pillés…).
Les frais de création d’une verrerie à bois à deux places étaient minimes.
La fabrication : Le verre est un poly silicate (combinaison de la silice et d’oxydes de métaux alcalins).
Pour le cristal il faut de l’oxyde de plomb.
La silice vient du sable, mais selon Bernard PALLISY « le verre le plus beau est fait de sel et de caillou ».
Gageons que les verriers de Vayrière ont su profiter de ces galets qui jonchent le sol sur place même.
Ces galets, ou cailloux, étaient traités avant de pouvoir être broyés et introduits dans le four.
Ils étaient rougis au feu et jetés dans l’eau où ils éclataient.
Pour obtenir la fusion et le verre, il fallait ajouter à la silice un fondant à base de soude venant des plantes, appelé le « salin ».
A cet effet les cendres de cheminées qui convenaient étaient collectées.
Les cendres de fougères faisaient un verre réputé en gobelèterie.
Le verre cassé était collecté et réutilisé à la place de la silice dans une certaine proportion (1/3).
Il fallait de 7 à 10 kg de bois sec pour produire 1kg de verre. Le double si le bois était vert.
Une verrerie à 4 places produisait 150 kg de verre par jour et il lui fallait 3 charrettes de 3 stères par jour, soit 600 stères par an.
Dans ces conditions une pénurie de bois se fit assez vite sentir, notamment au XVIIIième siècle.
La fusion commence à 800°C et s’achève à 1460°C.
Les objets produits étaient, la pinte : 1,85 litre ; le demi-quart : 0,92 litre ; la pauque ; 0,46 litre : la demi-pauque ; 0,23 litre ; les gobelets ; les carrelets ; les bombonnes ; les bocaux…
Au début les verriers étaient des migrants, puis certains s’installèrent durablement dans des secteurs boisés, dont le Frau.
Il y avait toujours des séjours courts comme Claude et Jean ROBERT à Lavercantière en 1532.
Vers 1695 – 1700, il y eut surproduction et chute des prix.
Tous les verriers ne « vivaient pas seulement de leur art ».
Souvent, ils exploitaient une petite propriété agricole à coté de leur activité de verriers.
Certains qui s’étaient enrichis rachetèrent la rente de leur établissement à leur seigneur et créaient ainsi une ébauche de seigneurie à côté du seigneur.
C’était peut-être le cas des héritiers de CONDAT à Lavercantière.
A Vayrière, il y a eu des verriers, il y a des bâtiments qui étaient importants pour l’époque.
Où était le four ? On ne sait pas.
A priori le Rédondel situé à proximité était un four à fer.
sources: voir 18 bulletins de la société des études du Lot du premier trimestre 2005 au deuxième trimestre 2010
Bulletin de la société des études du Lot n°126 - 2005
Bulletin de la société des études du Lot n°127 - 2006
Bulletin de la société des études du Lot n°128 - 2007
Bulletin de la société des études du Lot n°129 - 2008
Bulletin de la société des études du Lot n°131 - 2010