Promenade dans le Frau :

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Au cadastre, on trouve le Frau au nom des « habitants de Lavercantière ». Ils en sont propriétaires depuis les années 1200, environ, par une donation d’Alphonse de Poitiers, seigneur de Toulouse, frère du roi Saint Louis et seigneur de Lavercantière.

Cette donation se trouve citée dans de nombreux procès intentés par des habitants de localités voisines, qui auraient voulu avoir des droits sur ce territoire, et qu’ils n’ont jamais obtenus.

Le Frau communal est constitué de deux tènements :
     - Le Grand Frau traversé par la départementale n°25, d’une superficie de 183ha 60a 89ca.
     - Le Frau du Pénou traversé par la départementale n° 50 d’une superficie de 28ha 03a 20ca.
Le Frau était à l’époque de la donation une belle forêt comme il était indiqué par le Comte de Toulouse dans l’acte de donation qui le nomme le bois gourdonnais « nostré bos grand apélat Gourdonnés » (Notre grand bois appelé gourdonnais).

La disparition de la forêt du Frau, légende et réalité ...

La légende :
Il y a bien longtemps de cela, le Frau était une contrée fertile où la vigne, le blé, le maïs…, poussaient à profusion.
Seule la partie appelée maintenant « Pech Suquet »
(sommet culminant de la communauté de commune à 356 mètres, voir borne sur le terrain)était une épaisse forêt de châtaigniers où se cachaient les brigands. Or une nuit par un beau clair de lune, arriva à la lisière de cette forêt, un moine accompagné de deux soldats. Ils venaient des riches plaines du Languedoc et se rendaient en pèlerinage à Notre Dame de Rocamadour. Le moine égrenant son chapelet et les soldats rêvant de batailles et de prouesses ne s’aperçurent pas qu’ils étaient cernés par les bandits, aussi furent-ils pris et ligotés dans un instant.
Ils furent amenés en haut du « Pech Suquet » qui est le point culminant du Frau, là se dressait un châtaignier qui, par sa taille, était bien le roi de la forêt. A ses branches pendaient déjà plusieurs victimes. Aussi nos pèlerins comprirent-ils bien vite que leur dernière heure était arrivée. Pendant que le moine adressait au ciel une dernière prière, les deux soldats furent saisis et pendus haut et court.
Quant au pauvre moine, il eut le sort de ses compagnons de route, et, tandis que son corps se balançait à l’arbre fatal et que la corde l’éteignait fortement, le moine sentit venir la mort. Alors promenant lentement son regard sur la contrée sise à ses pieds…, il appela la malédiction divine sur ces terres peu hospitalières. A peine, le moine avait-il rendu le dernier soupir que de Lavercantière, de Peyrilles, de Concorès, de Thédirac, on entendit du côté du Frau, un grand bruit, comme un tremblement de terre, qui dura plusieurs heures. Quand les plus hardis parmi les habitants de cette contrée sortirent de leur demeure pour voir ce qui s’était passé, ils n’eurent que la force de se signer et de tomber à genou. Oh ! l’étrange et effrayant spectacle qui s’offrait à leurs regards étonnés. Ils n’en croyaient pas leurs yeux.
Le vaste plateau qu’ils avaient contemplé si souvent avec orgueil avait fait place à des pechs aux cimes arrondies et à des combes profondes, et là où ils avaient vu la nature déployer ses richesses, s’étendait une lande immense de genêts et de bruyères, morne, aride et impropre à toute culture.
Dieu qui venge les siens s’était retiré de ces terres maudites.
Et depuis lors, bruyères, genévriers et ajoncs poussent à l’envie et donnent à cette contrée un air de désolation. Pas un arbre, pas une habitation n’égayent cette terre frappée par la malédiction divine. L’hiver, on aperçoit de loin en loin quelques faucheurs de bruyère. On y entend le croassement lugubre de quelques corbeaux, ou le grognement de quelques sangliers émergeant d’un inextricable fourré de genêts et de brandes.
Çà et là quelques troupeaux de brebis ou de chèvres broutent cette peu nourrissante végétation sous la garde de quelques vieilles femmes en manteau de bure, et bien avant la nuit, elles ont hâte de rentrer leur troupeaux au bercail, car le soir, au crépuscule Satan en personne y réunit ses diableteaux pour y danser une sarabande infernale, jusqu’à ce que « Guillemet », le carillonneur de Lavercantière mettant en branle ses cloches, fasse se disperser ces habitants de l’enfer.
La route de Lavercantière à Labastide-Murat traverse ce désert en droite ligne comme pour ne pas s’attarder dans cette maudite contrée.

Une explication à mis chemin entre la légende et la réalité
Ce grand bois qui couvrait tout le Frau devait être un repaire de brigands dont les moines du Dégagnazès avaient sans doute souvent à souffrir.
Aussi, à l’occasion de l’assassinat de leur supérieur mirent-ils toute leur influence à obtenir des propriétaires de la forêt sa destruction et sa mise en culture.

La réalité
Comme indiqué précédemment en examinant les vestiges du four à fer, la forêt du Frau a servi, à la fin du moyen âge, à produire du charbon de bois et à alimenter les fours à fer.
Une fois coupée elle n’a pas repoussé et ceci, à cause de la nature du sol très pauvre et par l’effet des incendies, volontaires ou pas, qui se produisaient tous les deux ou trois ans, ainsi que par les fauchages annuels ou biannuels. La lande s’est installée, constituée de fougères, bruyère, ajoncs et diverses herbes.
L’agriculture avait besoin de litière et de pacages pour ses animaux. Elle s’est alors habituée à utiliser cette lande qui lui apportait un complément très utile à ses élevages.
Une tentative de plantation de résineux (pins sylvestre) au début des années 1940, réalisée par « les chantiers de jeunesse » a échouée, car faîte sans préparation du terrain.
A la fin des années 1960, grâce à l’aide du Fonds Forestier National, la commune a planté avec succès des pins maritimes, des pins Larricio et quelques pins Weymouth. Elle a aussi réalisé, dans les années 1980, quelques plantations de feuillus (chênes rouges, frênes, merisiers…). Après des débuts difficiles ces feuillus commencent à bien pousser.
Une partie du Frau a été utilisée par l’ONF pour implanter des vergers à graines, enfin une dernière partie est restée en lande ou exploitée par un agriculteur.
Si en plus de toute la biodiversité ainsi maintenue ou créée, on ajoute les aménagements de loisir et de tourisme, (Parcours de santé, sentier d’interprétation, Espace naturel sensible, la loge, les étangs…), On a un aperçu de la richesse du Frau.

La réalité est bien plus riche et intéressante que la légende.