Promenades dans Lavercantière :


2. Le château

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Propriété privée, ne se visite pas, sauf à être invité par le propriétaire, à observer de l’extérieur avec discrétion

Habitation du seigneur de Lavercantière, le château faisait partie du système de défense, puisqu’avec l’église et quelques maisons, il constituait le « fort » de Lavercantière. Constamment modifié, il ne reste plus rien qui ressemble au système de défense d'origine, bâtisse en bois, puis château fort en pierre. Sur son promontoire, il est particulièrement bien placé pour voir venir le danger de loin.
Il s’agit d’un bâtiment en T, dont la partie la plus ancienne paraît être la partie horizontale du T, située à l’ouest. On peut affirmer que le projet de construction était en double T (soit I), car les pierres d’amorce d’une autre aile ont été placées en attente, ainsi que les encadrements des portes qui devaient permettre l’accès à l’extension du bâtiment.

Si on peut penser que les premières constructions remontent au haut moyen-âge, il semble bien que les derniers travaux d’importance remontent à 1660, date inscrite sur un linteau d’une porte de la salle des gardes, confirmée par un acte notarié du 25 octobre 1659 par lequel Guion de Lagrange-Gourdon, seigneur de Lavercantière, commande à Pierre Francès, maçon à Rampoux, quarante marches « bronchères » de 7 pieds de Roy de longueur, d’un pied et demi de large que le seigneur de Lavercantière doit utiliser au terme de six semaines.

Ces marches ont servi à construire le grand escalier, aujourd’hui encore en place. A l’arrière du château se trouve une cour entourée de hauts murs, des anciennes écuries et des dépendances. Sur le côté Ouest, en surélévation, on voit une esplanade ombragée par de vénérables tilleuls.

A gauche du chemin qui part vers l’Ouest se trouvaient d’importantes bâtisses à usage de granges et de dépendances qui ont été démolies au XXième siècle. Vendu comme bien national en 1792, suite au départ de la famille du seigneur, déclarée émigrée, le château ne sera plus guère entretenu bien qu’habité pendant plus d’un siècle. Une grande partie des bâtiments annexes sont alors démolis afin de vendre les pierres de taille (y compris les voûtes des écuries dont on voit encore l’amorce). Acheté en 1963 par la famille Raulier originaire de Belgique, le château a été entretenu et restauré petit à petit par les générations suivantes dont leur fille, Michèle épousa en 1968 Jacques Delrieu de Lavercantière.

Par arrêté du 16 septembre 1991 pris par la Direction des affaires culturelles de Midi-Pyrénées, les façades, les toitures, la salle des gardes et l’escalier monumental du château ont été classés parmi les monuments historiques (inventaire supplémentaire des Monuments et Sites).

LES SEIGNEURS DE LAVERCANTIERE :
C’est la deuxième branche de la famille Gourdon, qualifiée d’actifs et d’intrépides qui faisaient partie des hauts et puissants Seigneurs du Quercy qui furents Seigneurs de Lavercantière depuis le X ième siècle jusqu’au 29 mai 1528.
A cette date, Marquèze De Gourdon, fille de Pons De Gourdon, contracta mariage avec Michel De Lagrange originaire de Rocamadour. La famille seigneuriale devient alors les Lagrange-Gourdon.
Un mariage avec l’héritière de la famille De Rampoux en 1640, confondit les possessions des De Rampoux avec celles du Seigneur de Lavercantière.
Par la suite cette famille devait obtenir les belles terres de Floirac par un mariage avec l’héritière des De Lestrade De Floirac, ils eurent ensuite d’autres possessions notamment à Larroque des Arcs et à Comiac.

Enfin en 1782, ils achetèrent aux Guiscard, ruinés, la plus grande partie de la baronnie de Thédirac.

Deux faits précis qui montrent l’importance du château et des Seigneurs de Lavercantière. En 1594, au début du règne d’Henri IV, s’est tenue au château de Lavercantière à l’initiative de Monsieur De Thémines, gouverneur du Quercy, la réunion des représentants de tout le Quercy, noblesse, clergé et tiers-état pour leur faire entendre les « remontrances et avis » de Monsieur Antoine De Peyrusse représentant du roi sur les «émotions et soulèvements populaires ».

En 1672, sous Louis XIV, Charles De Batz De Castelmore, dit d’Artagnan est gouverneur de Lille, il y croise le seigneur de Lavercantière. Ils se parlent en occitan. d’Artagnan interpelle son interlocuteur en l’appelant « LOBERCONTIERO ».

La visite de l’intérieur du château, non ouvert au public, permet de voir en face de l’entrée, l’escalier monumental qui mène aux étages et grenier. Au rez-de-chaussée à droite se trouve la salle des gardes possédant une grande cheminée et un sol pavé en pisé. On trouve aussi devant la cheminée les dessins d’une fleur de lys et d’un cœur.

La tradition orale veut que lorsque les anglais occupaient le secteur, le tapis était placé sur la fleur de lys, emblème du roi de France pour la dissimuler, n’apparaissait alors que le cœur, emblème de la royauté anglaise en souvenir de Richard Cœur de Lion.

Lorsque les Français étaient de retour, le tapis était déplacé et c’est la fleur de lys qui était seule visible.

Le blason de la seigneurie de Lavercantière a évolué au gré des mariages. Celui qui se trouve dans l’église a été dégradé par le temps et les travaux. Il a été difficile de le reconstituer. Il comprend les armoiries de la famille Gourdon et le lion de la famille Lagrange. La famille est devenue Gourdon-Lagrange-Lavercantière- Rampoux-Floirac.

Le blason est devenu « Lion à l’assaut d’un buisson ».

LA « COLONIE »,
(peut être la plus belle page de l’histoire du château)
Après la révolution, le château fut la propriété de la famille Sourdès qui l'habita longtemps. Puis elle le vendit, pendant l’entre-deux guerres. Mais peu d’entretien avait été fait si bien qu’il était devenu difficile d’y vivre. C’est dans cet état qu’il fut pris en location en 1943 par le Secours Mennonite américain pour y créer un refuge pour des enfants menacés par la guerre, dont les parents étaient en zone de combat, clandestins ou décédés. Ces enfants venaient du camp de concentration de Rivesaltes, il s’agissait essentiellement d’enfants de réfugiés espagnols, de jeunes juifs, d’orphelins ou des enfants venant de zones bombardées.

Après que le château eût fait l’objet de quelques travaux d’entretien et d’aménagements, ces enfants y trouvèrent, le gîte et le couvert. Ils purent aller à l’école du village et furent très bien traités. Nombreux ont témoigné après leur séjour des bons moments qu’ils y ont passé, malgré les difficultés de l’époque et la séparation de leur famille. Plusieurs étaient menacés de déportation, notamment les enfants juifs. Mais ils furent tous sauvés. Pour les risques pris pour avoir sauvé les enfants juifs pendant la guerre, le Directeur monsieur Louis Forestier a été reconnu « Juste parmi les nations ». Une plaque apposée sur le mur du château rappelle cette distinction. En fait, cette « colonie » fut présente de 1943 à 1948. Outre Monsieur Forestier, Monsieur Coma, espagnol, fut très impliqué ainsi qu’ Elsie Bechtel, américaine qui assura la direction après Monsieur Forestier. Un livre en anglais, écrit par Marie et Nancy Heisey traduit par Jennifer Pouffier, anglaise, étudiante à l’université de Toulouse relate le séjour à Lavercantière de Mademoiselle Elsie Bechtel.

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